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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/179

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cepté dans quelques circonstances où leurs attraits leur valent un pouvoir illicite. A-t-on donc lieu d’être surpris de ce que négligeant les devoirs que la raison seule intime, et se refusant à des épreuves faites pour fortifier leur ame, elles ne s’essayent qu’à masquer leurs défauts d’une manière agréable qui serve à rehausser le prix de leurs attraits aux yeux de l’épicurien, quoiqu’elles les rabaisse effectivement dans l’échelle de l’excellence morale ?

Frèles dans toutes les acceptions de ce mot, les Femmes sont forcées de s’adresser à l’homme dans toutes les occasions en suppliantes. Elles s’attachent à leur appui dans les plus petits dangers comme le lière parasite au chêne, et lui demandent du secours d’une voix plaintive ; alors leur protecteur naturel étend son bras puissant ou éleve sa voix pour rassurer la jolie trembleuse ; — mais sur quoi ? Sur le mugissement d’une vielle vache ou le cris d’une souris, car, s’il étoit question d’un rat, oh ! le danger seroit vraiment sérieux. Au nom de la raison et même du sens commun, qui pourroit sauver du mépris de pareilles poupées, quelques jo-