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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/195

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supportent pas très-patiemment cette privation d’un droit naturel.

On apprend au contraire à une jolie Femme à mépriser les occupations ordinaires de la vie, quoiqu’on pique uniquement son émulation pour des perfections d’un dégré au-dessus de l’usage des sens ; car les perfections corporelles même ne peuvent être acquises avec quelque précision, sans l’exercice de l’entendement. Le goût est superficiel, s’il n’a pas des principes ; et la grace doit tenir à quelque chose de plus solide que l’imagination. L’imagination, toutefois, est exaltée, et les sentimens deviennent fastidieux, s’ils ne sont pas raisonnés ; et le jugement n’a nul contrepoids quand le cœur n’a point l’art de diriger sa sensibilité.

Ces femmes sont ordinairement douces ; leurs cœurs ont réellement plus de penchant à la bienveillance générale, aux sentimens qui civilisent la vie, qu’aux occupations du ménage ; mais leur raison et l’art de se conduire elles-mêmes, n’étant pas chez elles dans une proportion suffisante, elles ne savent qu’inspirer de