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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/235

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N’accordant point d’intelligence aux Femmes, il étoit tout simple de les assujettir à une autorité indépendante de la raison, et Rousseau, pour les préparer à ce joug, leur donne l’avis suivant : « Les filles doivent être vigilantes et laborieuses ; ce n’est pas tout, elles doivent être gênées de bonne heure. Ce malheur, si c’en est un pour elles, est inséparable de leur sexe, et jamais elles ne s’en délivrent que pour en souffrir de bien plus cruels. Elles seront toute leur vie asservies à la gêne la plus continuelle et la plus sévère, qui est celle des bienséances : il faut les exercer d’abord à la contrainte, afin qu’elle ne leur coûte jamais rien ; à dompter toutes leurs fantaisies, pour les soumettre aux volontés d’autrui. Si elles vouloient toujours travailler, on devroit quelquefois les forcer à ne rien faire. La dissipation, la frivolité, l’inconstance, sont des défauts qui naissent aisément de leurs premiers goûts corrompus et toujours suivis. Pour prévenir cet abus, apprenez-leur toujours à se vaincre. Dans ces insensés établissemens, la vie de l’honnête Femme est un combat per-