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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/253

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gner son amour par des caresses. — En vérité, c’est se moquer ! sur quoi réfléchira celle qui ne doit qu’obéir ? Et n’est-ce pas un rafinement de cruauté, que d’éclairer son ame uniquement pour lui faire voir l’obscurité, la honte et le malheur de son destin ? Voilà pourtant les remarques judicieuses de ce prétendu défenseur de notre sexe ; je laisse aux lecteurs à décider combien elles s’accordent avec les citations que j’ai déjà été obligée de faire pour présenter mon sujet sous son vrai jour.

« Les gens qui passent exactement la vie entière à travailler pour vivre, n’ont d’autre idée que celle de leur travail ou de leur intérêt, et tout leur esprit semble être au bout de leur bras. Cette ignorance ne nuit, ni à la probité, ni aux mœurs ; souvent même elle y sert : souvent on compose avec ses devoirs à force d’y réfléchir, et l’on finit par mettre un jargon à la place des choses. La conscience est le plus éclairé des philosophies ; on n’a pas besoin de savoir les offices de Cicéron, pour être homme de bien ; et la Femme du monde la plus honnête sait peut-être le moins ce que