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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/265

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seau qui meurt tous les ans, tandis que le chêne brave, pendant une longue suite de siècles, l’effort de la tempête.

Si nous n’étions en effet créés que pour voltiger une heure et disparoître, — certes nous ferions bien alors de nous livrer à notre sensualité, et de repousser en riant la sévère raison. — Cependant, hélas ! même alors, il nous faudroit la force du corps et l’énergie de l’ame, autrement nous serions condamnées à évaporer notre vie dans les accès de plaisir, ou à la traîner dans la langueur.

Mais le systême d’éducation que je voudrois voir rejetté, semble présupposer ce qu’on ne devroit jamais regarder comme admis, que la vertu nous met à l’abri des accidens de cette vie, et que la fortune, quittant son bandeau, ne manquera pas de sourire à une Femme bien élevée, et de lui faire trouver, sous la main, un Émile ou un Télémaque. Le contraire n’est pourtant que trop vrai ; tout le monde sait que la récompense que la vertu promet à ses sectateurs, est renfermée dans leur sein ; qu’ils ont souvent à lutter contre les plus cruelles inquiétudes, les besoins