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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/267

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pille, pour peu que je voulusse fortifier son intelligence, et la mettre en état de se former des principes solides établis sur une base convenable, ou seulement que je fusse jalouse de cultiver son goût. C’est mon dernier mot sur ce livre, quoiqu’il contienne beaucoup de bonnes choses.

Le docteur Fordyce a pu avoir un but très-louable ; mais ses discours sont écrits d’un style si affecté, que, quand ce ne seroit que pour cette raison, et que je n’aurois rien à objecter contre ses préceptes mielleux, je ne permettrois pas aux jeunes filles de les lire, à moins que je n’eusse formé le sot projet d’étouffer dans leur cœur jusqu’à la moindre étincelle de la nature, pour fondre toutes les belles qualités humaines en une douceur féminine et une prétendue grâce factice ; je dis factive, car la vraie grâce naît de la liberté de l’esprit, dont elle suppose l’indépendance.

Les enfans, sans s’inquiéter de plaire, et ne songeant qu’à s’amuser eux-mêmes, sont souvent remplis de grâces ; la noblesse qui a passé la plus grande partie de sa vie avec des inférieurs, et s’est toujours