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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/274

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et non leurs vertus, qui leur procurent cet hommage.

Mots vuides de sens ! À quoi peut conduire une adulation si fausse, sinon à la vanité et à la folie ? On sait qu’un amant a la licence poëtique d’exalter sa maîtresse ; son jugement ne sert plus que de microscope à sa passion, et quand il emprunte le langage de l’adoration, il ne dit pourtant pas une fausseté. Son imagination peut élever au-dessus de l’humanité, l’idole de son cœur, sans qu’on lui en fasse un crime ; et il seroit heureux pour les Femmes, de n’être flattées que par des hommes qui les aimassent réellement. Je parle de ceux qui aiment la personne et non le sexe. Mais un grave prédicateur est-il excusable de laisser de pareilles folies dans des discours sérieux destinés à former le cœur ?

Dans les sermons ou les romans, le ton voluptueux est toujours fidèle à son texte. Les moralistes permettent aux hommes de cultiver différentes qualités, suivant la direction de la nature, et de prendre les différens caractères que les mêmes passions, modifiées presqu’à l’infini, donnent à cha-