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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/302

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fortune. Elle la perd avant que son mariage puisse se réaliser, et se trouve sans ressources dans le monde. Le père met en œuvre les artifices les plus infâmes, pour détacher son fils de celle qu’il aime. Le jeune homme découvre les abominables moyens employés par un père, qui n’écoute que la voix de l’intérêt ; sensible seulement à celle de l’amour et de l’honneur, il remplit sa promesse. Le résultat est qu’il tombe dans la misère la plus affreuse, pour s’être marié contre le gré de son père. Sur quelle base peuvent porter la religion et la morale, quand on exclut ainsi la justice ? Elle représente, avec la même invraisemblance et dans le même style, une jeune personne accomplie, aussi prête à donner sa man au premier venu, dont sa maman lui fera l’éloge, qu’à épouser un jeune homme de son propre choix ; en un mot, sans éprouver le plus léger mouvement de passion, parce que, dit-elle, une fille bien élevée est trop occupée pour trouver le tems d’avoir de l’amour. Peut-on faire quelque cas d’un systême d’éducation qui insulte la raison et la nature ?