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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/328

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judicieux peuvent fortifier le corps, et préparer les instrumens avec lesquels l’enfant doit acquérir des connoissances ; mais c’est à lui seul à les convertir en miel substanciel. Chercher à rendre un jeune homme sage par l’expérience d’autrui, est une chose presque aussi absurde, que de vouloir qu’il puisse augmenter ses forces corporelles, par la seule vue ou par le récit de l’exercice fait par d’autres[1]. La plûpart de ces enfans, dont la conduite a été scrupuleusement surveillée, deviennent les plus foibles des hommes, parce que leurs instructeurs se bornent à jetter dans leur esprit quelques notions, qui n’ont d’autre base que leur autorité ; et quand ces instructeurs sont aimés et respectés de leurs élèves, l’entendement de ces derniers est gêné dans ses opérations, et incertain dans ses progrès. Toute l’éducation se réduit donc à placer les enfans dans les positions les plus propres à leur

  1. On ne voit rien quand on se borne à la contemplation ; il est nécessaire d’agir soi-même pour être en état de voir comment les autres agissent. Rousseau.