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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/350

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ment occupées, soit à se préparer à exciter de l’amour, soit à en réduire actuellement les leçons en pratique, il leur est désormais impossible de vivre sans amour ; mais quand un sentiment de devoir, ou la crainte de la honte les oblige à restreindre ce désir de plaire, ce qu’elles font toujours, dans des limites trop loin de la délicatesse, si elles le sont assez du crime, elles se déterminent obstinément à aimer, et aimer avec passion, du moins leurs maris alors jouant le rôle auquel elles condamnoient follement leurs amans, elles deviennent des colombes gémissantes et des esclaves abjectes, qui portent le joug de l’amour.

Les hommes d’esprit et d’imagination ne sont souvent que des roués, et il faut avouer pourtant que l’imagination est l’aliment de l’amour. De tels hommes ne manqueront donc pas d’inspirer de la passion. La moitié de mon sexe, dans l’état d’enfance où il se trouve aujourd’hui, mourroit d’amour pour un Lovelace ; un homme si spirituel, si bien fait, si plein de graces et si brave ; et peuvent-elles mériter du blâme, pour agir conséquemment à des