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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/378

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ce sérieux s’explique par les idées dont chacun est occupé, en songeant aux devoirs qu’il doit remplir le long du jour. Peut-être trouvera-t-on cette manière de voir bizarre ? mais j’assure que c’est un sentiment spontané, qui s’est souvent élevé dans mon ame. J’ai souvent aussi joui du plaisir, après avoir respiré la douce fraîcheur du matin, d’en retrouver une semblable sur les traits de personnes, pour qui j’avois une affection particulière ; j’étois charmés de les voir fortifiées comme elles l’étoient pour tout le jour, et prêtes à fournir leur carrière avec le soleil ; les marques d’affection qu’on se donne le matin, par ce moyen, plus respectueuses que la tendresse familière qui prolonge fréquemment la conversation du soir. Je dirai plus, j’ai souvent été choquée, pour ne pas dire davantage, de revoir le matin une amie que j’avois quittée la veille au soir complettement habillée, avec ses vêtemens entassés et frippés, parce qu’elle avoit voulu rester au lit jusqu’au dernier moment.

Il n’y a pourtant que ces attentions trop souvent négligées qui puissent entretenir