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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/454

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Femmes ne sont point esclaves dans le mariage, j’en conviens ; mais alors elles deviennent tyrans ; car ce n’est point une liberté raisonnable ; c’est une sorte d’autorité illégitime, semblable à celle qu’exercent les favorites des rois, après l’avoir obtenue par de vils moyens. Je ne prétends pas dire non plus que les garçons et les filles sont toujours esclaves ; je soutiens seulement que, quand ils sont forcés de se soumettre à une autorité aveugle, leurs facultés sont affoiblies, et que leur caractère devient abject ou impérieux. Je suis fâchée que les parens, se prévalant indolemment eux-mêmes d’un privilège supposé, retardent les premières lueurs de la raison, et rendent par là purement nominal le devoir qu’ils sont si jaloux de renforcer ; car ils ne l’appuyent point sur les bases qui, seules, peuvent en assurer la continuité. En effet, si ce devoir n’est pas fondé sur la connoissance, il ne peut acquérir la force suffisante pour résister à l’ébranlement des passions, ou à l’attaque silencieuse de l’amour-propre ; mais ce ne sont pas les parens qui ont donné les preuves les plus certaines de leur af-