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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/459

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vertus de la maturité que celle qui nous apprend à être sévères envers nous-mêmes, et indulgens pour les autres ; mais les enfans ne doivent connoître que les vertus simples ; car une indulgence prématurée pour les passions et les usages du monde, émousseroit en eux le fil du criterium, sur lequel ils doivent se régler eux-mêmes, et ils deviendroient injustes dans la même proportion qu’ils deviendroient indulgens.

Les affections des enfans et des êtres foibles sont toujours égoïstes. Ils aiment les autres, parce que les autres les aiment et non parce qu’ils ont des vertus. Cependant, jusqu’à ce que l’estime et l’amour soient mêlés et confondus dans la première affection, et que la raison serve de base au premier devoir, la moralité trébuchera dès le premier pas ; mais jusqu’à ce que la société soit différemment organisée, je crains bien que les parens ne demandent toujours à être obéis, parce qu’ils voudront être obéis, et qu’ils ne tâchent constamment de fonder cette prétention, sur un droit divin qui impose silence à la raison.