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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/493

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sayer quel effet la raison auroit pour les ramener à la nature et à leur devoir, et, en leur laissant partager avec les hommes les avantages de l’éducation et du gouvernement, voir si elles deviendront meilleures en devenant libres et plus éclairées.

    réel. On leur doit une meilleure éducation ; car les mères sont les premiers maîtres que la nature et la société donnent aux enfans. On leur doit le divorce, que la tyrannie seule des prêtres a pu leur ravir. Un grand nombre d’entr’elles ont prouvé qu’elles étoient dignes de la liberté ; il ne leur manque que plus de lumières. Plus éclairées, elles en seront plus vertueuses, et plus heureuses. On leur doit aussi des réparations de tous les crimes gothiques de la féodalité à leur égard, pour ce qui concerne les testamens, etc. ; car si la nature paroît leur refuser les droits politiques, elles ont autant de titres que les hommes aux droits civils ; en un mot, c’est à elles à affermir le nouveau régime. Depuis que la nation Française a secoué le joug, on a beaucoup parlé de contre-révolution. Législateurs ! ne vous le dissimulez pas : Si cette contre-révolution étoit possible, ce seroit par l’empire des Femmes. Mettez-les donc dans les intérêts de la constitution ; ce que vous ferez pour elles, ne sera pas perdu. C’est à elles qu’appartient sur-tout le dépôt que vous avez mis sous la garde des pères de famille, pour le transmettre aux générations futures.