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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/90

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— Se bornent-ils à prétendre que l’exercice de nos facultés produira ce goût. — Je le nie ; il n’est point naturel, mais il vient, comme la fausse ambition des hommes, de l’amour du pouvoir. Grégory va beaucoup plus loin : il recommande précisément la dissimulation, et avertit une jeune fille innocente et naïve de mentir à ses sentimens, et de ne point danser avec vivacité, quand même la gaité qui l’animeroit, donneroit à ses pieds de l’expression, sans rendre son port immodeste. Je le demande au nom du sens-commun et de la vérité, pourquoi seroit-il défendu à une Femme de reconnoître qu’elle peut prendre plus d’exercice qu’une autre, ou, en changeant les mots, qu’elle est d’un bon tempéramment ? et pourquoi pour éteindre son innocente vivacité, lui insinuer obscurément que les hommes en tireront des conséquences auxquelles elle ne songeoit guères ? — Qu’un libertin pense ce qu’il voudra ; mais j’espère qu’aucune mère sensible ne restreindra la franchise naturelle de la jeunesse, par ces indécentes précautions. La bouche parle de l’abondance du cœur, et un sage, plus page que Salomon, a dit qu’il falloit