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Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/97

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arriveroit même presque toujours, si l’ame des Femmes étoit plus grande : car, il semble que ce soit une dispensation ordinaire de la providence, qu’il faille déduire de l’expérience, ce trésor de la vie, ce que nous gagnons dans les jouissances actuelles ; et que tandis que nous cueillons les fleurs du jour et goûtons le plaisir, nous ne puissions pas cueillir en-même-tems le fruit solide du travail et de la sagesse. Le chemin est devant nos yeux, nous pouvons prendre à droite ou à gauche ; celui qui veut passer sa vie à voltiger d’un plaisir à un autre, ne doit pas se plaindre, s’il n’acquiert ni la sagesse, ni l’estime qu’on lui accorde.

Supposons pour un moment, que l’ame n’est pas immortelle, et que l’homme n’a été créé que pour la scène étroite du monde : je crois qu’alors nous aurions raison de nous plaindre, de ce que l’amour et la tendresse puérile deviennent toujours insipides et cessent de piquer nos sens. Mangeons, buvons, et faisons l’amour, car nous mourrons demain, seroit dans le fait le langage de la raison, la moralité de la vie ; et il n’y auroit qu’un fou qui pût abandonner la réalité, pour courrir après une