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LA DERNIÈRE ESCAPADE


 
I

Un grand château bien vieux aux murs très élevés.
Les marches du perron tremblent, et l’herbe pousse,
S’élançant longue et droite aux fentes des pavés
Que le temps a verdis d’une lèpre de mousse.
Sur les côtés deux tours. L’une, en chapeau pointu,
S’amincit dans les airs. L’autre est décapitée.
Sa tête fut, un soir, par le vent emportée ;
Mais un lierre, grimpé jusqu’au faîte abattu,
S’ébouriffe au-dessus comme une chevelure,
Tandis que, s’infiltrant dans le flanc de la tour,
L’eau du ciel, acharnée et creusant chaque jour,
L’entr’ouvrit jusqu’en bas d’une immense fêlure.
Un arbre, poussé là, grandit au creux des murs,
Laissant voir vaguement de vieux salons obscurs,