Page:Maupassant, Des vers, 1908.djvu/129

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SOMMATION SANS RESPECT


 
Je connaissais fort peu votre mari, madame ;
Il était gros et laid, je n’en savais pas plus.
Mais on n’est pas fâché, quand on aime une femme,
Que le mari soit borgne ou bancal ou perclus.

Je sentais que cet être inoffensif et bête
Se trouvait trop petit pour être dangereux,
Qu’il pouvait demeurer debout entre nous deux,
Que nous nous aimerions au-dessus de sa tête.

Et puis, que m’importait d’ailleurs ? Mais aujourd’hui
Il vous vient à l’esprit je ne sais quel caprice.
Vous parlez de serments, devoir et sacrifice
Et remords éternels !… Et tout cela pour lui ?

Y songez-vous, madame ? Et vous croyez vous née,
Vous, jeune, belle, avec le cœur gonflé d’espoir,