Page:Maupassant - À propos du peuple, paru dans Le Gaulois, 19 novembre 1883.djvu/7

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cent, par le labeur, d’améliorer le sort que leur a fait l’inconsciente nature.

À Montceau, c’est autre chose. La masse des ouvriers appartient à la dernière classe du peuple. Ils ne sont capables, ces hommes, que de traîner la brouette et de creuser les noires galeries de houille. Ceux-là ne peuvent accomplir aucune besogne qui demande un travail d’esprit. Aussi essayent-ils de tuer leurs chefs, les ingénieurs. Leur sort pourtant n’est point si misérable qu’on le croit ; mais leur salaire est minime. À qui la faute ?

C’est un étrange pays que ce pays du charbon. À droite, à gauche, une plaine s’étend sur laquelle plane un nuage de fumée. De place en place, dans cette campagne nue, on aperçoit de singulières constructions que surmonte une haute cheminée. Ce sont les puits.

La ville est sombre comme frottée de charbon. Une poussière noire flotte partout, et, quand un rayon la traverse elle brille soudain ainsi qu’une cendre de diamants.

La boue des rues est une pâte de charbon. On sent craquer sous les dents de petits grains qui s’écrasent et qu’on aspire avec l’air.

À droite, d’immenses bâtiments tout noirs crachent une vapeur suffoquante. C’est là qu’on prépare les agglomérés.

La poussière des mines, délayée dans l’eau, tombe en des moules et ressort sous la forme de briquettes au moyen de toute une série d’opérations ingénieuses qu’accomplissent des machines mues par la va-