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le pardon

La jeune veuve poussa un léger cri d’étonnement et de joie, et s’élança, les deux mains ouvertes. Elle n’espérait point, disait-elle, avoir ce bonheur, sachant que Mme Baron ne voyait personne ; mais elle était si heureuse ! Elle aimait tant Georges ! (elle disait Georges tout court avec une fraternelle familiarité) qu’elle avait une envie folle de connaître sa jeune femme et de l’aimer aussi.

Au bout d’un mois, les deux nouvelles amies ne se quittaient plus. Elles se voyaient chaque jour, souvent deux fois, et dînaient tous les soirs ensemble, tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre. Georges maintenant ne sortait plus guère, ne prétextait plus d’affaires, adorant, disait-il, son coin du feu.

Enfin un appartement s’étant trouvé libre dans la maison qu’habitait Mme Rosset, Mme Baron s’empressa de le prendre pour se rapprocher et se réunir encore davantage.

Et pendant deux années entières, ce fut une amitié sans un nuage, une amitié de cœur et d’âme, absolue, tendre, dévouée, délicieuse. Berthe ne pouvait plus parler sans prononcer le nom