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le pardon

une enveloppe. Il l’ouvrit, lut, devint livide, et, se levant, il dit à sa femme, d’un air étrange : « Attends-moi, il faut que je m’absente un instant, je serai de retour dans dix minutes. Surtout ne sors pas. »

Et il courut dans sa chambre prendre son chapeau.

Berthe l’attendit, torturée par une inquiétude nouvelle. Mais, docile en tout, elle ne voulait point remonter chez son amie avant qu’il fût revenu.

Comme il ne reparaissait pas, la pensée lui vint d’aller voir en sa chambre s’il avait pris ses gants, ce qui eût indiqué qu’il devait entrer quelque part.

Elle les aperçut du premier coup d’œil. Près d’eux un papier froissé gisait, jeté là.

Elle le reconnut aussitôt, c’était celui qu’on venait de remettre à Georges.

Et une tentation brûlante, la première de sa vie, lui vint de lire, de savoir. Sa conscience révoltée luttait, mais la démangeaison d’une curiosité fouettée et douloureuse poussait sa main. Elle saisit le papier, l’ouvrit, reconnut aussitôt l’écriture, celle de Julie, une écriture tremblée,