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apparition

de prononcer un mot. Un bruit vague sortit de ma gorge.

« Elle reprit :

« — Voulez-vous ? Vous pouvez me sauver, me guérir. Je souffre affreusement. Je souffre, oh ! je souffre !

« Et elle s’assit doucement dans mon fauteuil. Elle me regardait :

« — Voulez-vous ?

« Je fis : « Oui ! » de la tête, ayant encore la voix paralysée.

« Alors elle me tendit un peigne en écaille et elle murmura :

« — Peignez-moi, oh ! peignez-moi ; cela me guérira : il faut qu’on me peigne. Regardez ma tête… Comme je souffre ; et mes cheveux comme ils me font mal !

« Ses cheveux dénoués, très longs, très noirs, me semblait-il, pendaient par-dessus le dossier du fauteuil et touchaient la terre.

« Pourquoi ai-je fait ceci ? Pourquoi ai-je reçu en frissonnant ce peigne, et pourquoi ai-je pris dans mes mains ses longs cheveux qui me donnèrent à la peau une sensation de froid atroce