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un coup d’état

Varnetot, au nom de la République, de me remettre la maison de ville.

Mais le lieutenant, un maître-maçon, refusa :

— Vous êtes encore un malin, vous. Pour me faire flanquer un coup de fusil, merci. Ils tirent bien ceux qui sont là dedans, vous savez. Faites vos commissions vous-même.

Le commandant devint rouge.

— Je vous ordonne d’y aller au nom de la discipline.

Le lieutenant se révolta :

— Plus souvent que je me ferai casser la figure sans savoir pourquoi.

Les notables rassemblés en un groupe voisin, se mirent à rire. Un d’eux cria :

— T’as raison, Picart, c’est pas l'moment !

Le docteur alors murmura :

— Lâches !

Et, déposant son sabre et son revolver aux mains d’un soldat, il s’avança d’un pas lent, l’œil fixé sur les fenêtres, s’attendant à en voir sortir un canon de fusil braqué sur lui.

Comme il n’était qu’à quelques pas du bâtiment, les portes des deux extrémités donnant