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un coup d’état

nisa cet étendard que M. Massarel saisit à deux mains ; et il s’avança de nouveau vers la mairie en le tenant devant lui. Lorsqu’il fut en face de la porte, il appela encore : « Monsieur de Varnetot. » La porte s’ouvrit soudain, et M. de Varnetot apparut sur le seuil avec ses trois gardes.

Le docteur recula par un mouvement instinctif ; puis, il salua courtoisement son ennemi et prononça, étranglé par l’émotion : « Je viens, Monsieur, vous communiquer les instructions que j’ai reçues. »

Le gentilhomme, sans lui rendre son salut, répondit : « Je me retire, Monsieur, mais sachez bien que ce n’est ni par crainte, ni par obéissance à l’odieux gouvernement qui usurpe le pouvoir. » Et, appuyant sur chaque mot, il déclara : « Je ne veux pas avoir l’air de servir un seul jour la République. Voilà tout. »

Massarel, interdit, ne répondit rien ; et M. de Varnetot, se mettant en marche d’un pas rapide, disparut au coin de la place, suivi toujours de son escorte.

Alors le docteur, éperdu d’orgueil, revint vers la foule. Dès qu’il fut assez près pour se faire