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l’enfant

heures, et s’enfuit oubliant son pardessus, en habit noir, avec l’enfant dans ses bras.

Après qu’il l’eut laissée seule, sa jeune femme avait attendu, assez calme d’abord, dans le petit boudoir japonais. Puis, ne le voyant point reparaître, elle était rentrée dans le salon, d’un air indifférent et tranquille, mais inquiète horriblement. Sa mère, l’apercevant seule, avait demandé : « Où donc est ton mari ? » Elle avait répondu : « Dans sa chambre ; il va revenir. »

Au bout d’une heure, comme tout le monde l’interrogeait, elle avoua la lettre et la figure bouleversée de Jacques, et ses craintes d’un malheur.

On attendit encore. Les invités partirent ; seuls, les parents les plus proches demeuraient. À minuit, on coucha la mariée toute secouée de sanglots. Sa mère et deux tantes, assises autour du lit, l’écoutaient pleurer, muettes et désolées… Le père était parti chez le commissaire de police pour chercher des renseignements.

À cinq heures, un bruit léger glissa dans le corridor ; une porte s’ouvrit et se ferma doucement ; puis soudain un petit cri pareil à un miau-