Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/122

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L’homme demeura quelques instants perplexe, pesant les conséquences et les avantages de l’idée. Enfin il déclara :

— Tout d’ même, j’y vas.

Il allait sortir ; il revint et, après une hésitation :

— Pisque t’as point d’ouvrage, loche des pommes à cuire, et pis tu feras quatre douzaines de douillons pour ceux qui viendront à l’imunation, vu qu’i faudra se réconforter. T’allumeras le four avec la bourrée qu’est sous l’hangar au pressoir. Elle est sèque.

Et il sortit de la chambre, rentra dans la cuisine, ouvrit le buffet, prit un pain de six livres, en coupa soigneusement une tranche, recueillit dans le creux de sa main les miettes tombées sur la tablette, et se les jeta dans la bouche pour ne rien perdre. Puis il enleva avec la pointe de son couteau un peu de beurre salé au fond d’un pot de terre brune, l’étendit sur son pain, qu’il se mit à manger lentement, comme il faisait tout.

Et il retraversa la cour, apaisa le chien, qui