Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/283

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bouctou, cuisinié de l’Empéeu, deux cents mille fancs à moi. Ah ! ah ! ah ! ah !

Et il riait, tordu, hurlant avec une folie de joie dans le regard.

Quand l’officier, qui comprenait son étrange langage, l’eût interrogé quelque temps, il lui dit :

— Eh bien, au revoir, Tombouctou ; à bientôt.

Le nègre aussitôt se leva, serra, cette fois, la main qu’on lui tendait, et, riant toujours, cria :

— Bonjou, bonjou, mon lieutenant !

Il s’en alla, si content, qu’il gesticulait en marchant, et qu’on le prenait pour un fou.

Le colonel demanda :

— Qu’est-ce que cette brute ?

Le commandant répondit :

— Un brave garçon et un brave soldat. Je vais vous dire ce que je sais de lui ; c’est assez drôle.