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parole. Elle prit des habits de veuve qu’elle ne quitta plus.

Alors sa sœur, sa petite sœur Marguerite, qui n’avait encore que douze ans, vint, un matin, se jeter dans les bras de l’aînée, et lui dit : « Grande sœur, je ne veux pas que tu sois malheureuse. Je ne veux pas que tu pleures toute ta vie. Je ne te quitterai jamais, jamais, jamais ! Moi, non plus, je ne me marierai pas. Je resterai près de toi, toujours, toujours, toujours ».

Suzanne l’embrassa attendrie par ce dévouement d’enfant, et n’y crut pas.

Mais la petite aussi tint parole et, malgré les prières des parents, malgré les supplications de l’aînée, elle ne se maria jamais. Elle était jolie, fort jolie ; elle refusa bien des jeunes gens qui semblaient l’aimer ; elle ne quitta plus sa sœur.



Elles vécurent ensemble tous les jours de leur existence, sans se séparer une seule