Page:Maupassant - Contes du jour et de la nuit 1885.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

veux que tu me pardonnes. Je le veux… Je ne peux pas m’en aller sans cela devant lui. Oh ! dites-lui de me pardonner, monsieur le curé, dites-lui… je vous en prie. Je ne peux mourir sans ça…



Elle se tut, et demeura haletante, grattant toujours le drap de ses ongles crispés…

Suzanne avait caché sa figure dans ses mains et ne bougeait plus. Elle pensait à lui qu’elle aurait pu aimer si longtemps ! Quelle bonne vie ils auraient eue ! Elle le revoyait, dans l’autrefois disparu, dans le vieux passé à jamais éteint. Morts chéris ! comme ils vous déchirent le cœur ! Oh ! ce baiser, son seul baiser ! Elle l’avait gardé dans l’âme. Et puis plus rien, plus rien dans toute son existence !…

Le prêtre tout à coup se dressa et, d’une voix forte, vibrante, il cria :