Page:Maupassant - Fini de rire, paru dans Gil Blas, 23 février 1882.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que le clergé surtout y prenait part.

Et voici bien là un des signes particuliers du Moyen Âge, de cette singulière, grandiose et puérile époque, où les hommes semblaient doués d’âmes enfantines, poétiques et grossières, capables indifféremment d’actes stupides ou héroïques.

La fête des fous commençait par l’élection d’un abbé du clergé. Cette élection était faite par les chanoines mêlés aux enfants de chœur et à tous les oints du Seigneur.

On portait ensuite l’abbé dans la maison du chapitre ; et là, on commençait à godailler, à boire à plein gosier, à bâfrer à plein ventre. Puis on chantait des chants burlesques et immondes.

Le jour des Innocents avait lieu l’élection de l’Évêque des fous, qui, revêtu des ornements sacrés, chapé, mitré et crossé, assistait à l’office. Les prêtres et les clercs l’entouraient, vêtus en costumes de bouffons et de femmes, chantaient des refrains obscènes, mangeaient sur l’autel, y jouaient aux dés, etc.

À la fin de l’office, l’aumônier, coiffé d’un petit coussin, offrait les indulgences.


Do par mossenhor l’Evesque
Que Dieu vous done grand mal à bescle,
Aves une plena balasta de pardos
E do dés de raycha de sot lo mento.


« De par monseigneur l’évêque, que Dieu vous donne grand mal au foie, avec