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LA MAIN GAUCHE.

cieuse galerie, une sorte de serre, que des vitraux d’un bleu pâle, d’un rose tendre, d’un vert léger, entouraient poétiquement de paysages de tapisseries. Il y avait dans ce joli salon des divans, de superbes palmiers, des fleurs, des roses surtout, embaumantes, des livres sur des tables, la Revue des Deux-Mondes, des cigares en des boîtes de la régie, et, ce qui me surprit, des pastilles de Vichy dans une bonbonnière.

Comme je m’en étonnais :

— Oh ! on vient souvent causer ici, dit mon guide.

Il reprit :

— Les salles du public sont pareilles, mais plus simplement meublées.

Je demandai :

Il désigna du doigt une chaise longue, couverte de crêpe de Chine crémeux, à broderies blanches, sous un grand arbuste inconnu, au pied duquel s’arrondissait une plate-bande de réséda.

Le secrétaire ajouta d’une voix plus basse :

— On change à volonté la fleur et le parfum, car notre gaz, tout à fait imperceptible, donne à la mort l’odeur de la fleur qu’on aima. On le volatilise avec des essences.