Page:Maupassant - La Main gauche, OC, Conard, 1910.djvu/267

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MADAME HERMET.

Il se remit à l’exhorter et à la rassurer.

— Voyons, vous savez bien que je vous les enlève toutes les fois, ces vilains trous, et qu’on ne les aperçoit plus du tout quand je les ai soignés. Si vous ne me les montrez pas, je ne pourrai point vous guérir.

Elle murmura :

— À vous encore je veux bien, mais je ne connais pas ce monsieur qui vous accompagne.

— C’est aussi un médecin, qui vous soignera encore bien mieux que moi.

Alors elle se laissa découvrir la figure, mais sa peur, son émotion, sa honte d’être vue la rendaient rouge jusqu’à la chair du cou qui s’enfonçait dans sa robe. Elle baissait les yeux, tournait son visage, tantôt à droite, tantôt à gauche, pour éviter nos regards, et balbutiait :

— Oh ! je souffre affreusement de me laisser voir ainsi ! C’est horrible, n’est-ce pas ? C’est horrible ?

Je la contemplais fort surpris, car elle n’avait rien sur la face, pas une marque, pas une tache, pas un signe ni une cicatrice.

Elle se tourna vers moi, les yeux toujours baissés et me dit :

— C’est en soignant mon fils que j’ai ga-