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MADAME HERMET.

— Voici l’histoire atroce de cette malheureuse, dit-il.


Elle s’appelle Mme Hermet. Elle fut très belle, très coquette, très aimée, et très heureuse de vivre.

C’était une de ces femmes qui n’ont au monde que leur beauté et leur désir de plaire pour les soutenir, les gouverner ou les consoler dans l’existence. Le souci constant de sa fraîcheur, les soins de son visage, de ses mains, de ses dents, de toutes les parcelles de son corps qu’elle pouvait montrer prenaient toutes ses heures et toute son attention.

Elle devint veuve, avec un fils. L’enfant fut élevé comme le sont tous les enfants des femmes du monde très admirées. Elle l’aima pourtant.

Il grandit ; et elle vieillit. Vit-elle venir la crise fatale, je n’en sais rien. A-t-elle, comme tant d’autres, regardé chaque matin pendant des heures et des heures la peau si fine jadis, si transparente et si claire, qui maintenant se plisse un peu sous les yeux, se fripe de mille traits encore imperceptibles, mais qui se creuseront davantage, jour par jour, mois par mois ? A-t-elle vu s’agrandir aussi, sans cesse,