Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/161

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de ses bêtes trottantes et bêlantes, ne connaissant guère qu’elles au monde, avait cependant conservé au fond de l’âme l’instinct d’épargne du paysan. Certes, il avait dû cacher, pendant des années et des années, dans des creux d’arbre ou des trous de rocher tout ce qu’il gagnait d’argent, soit en gardant les troupeaux, soit en guérissant, par des attouchements et des paroles, les entorses des animaux (car le secret des rebouteux lui avait été transmis par un vieux berger qu’il avait remplacé). Or, un jour, il acheta, en vente publique, un petit bien, masure et champ, d’une valeur de trois mille francs.

Quelques mois plus tard, on apprit qu’il se mariait. Il épousait une servante connue pour ses mauvaises mœurs, la bonne du cabaretier. Les gars racontaient que cette fille, le sachant aisé, l’avait été trou-