Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/288

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ce camarade ; puis, quand toutes les formalités de la douane et du port eurent été remplies, le capitaine autorisa les deux tiers de son équipage à passer la soirée dehors.

La nuit était venue. Marseille s’éclairait. Dans la chaleur de ce soir d’été, un fumet de cuisine à l’ail flottait sur la cité bruyante pleine de voix, de roulements, de claquements, de gaieté méridionale.

Dès qu’ils se sentirent sur le port, les dix hommes que la mer roulait depuis des mois se mirent en marche tout doucement, avec une hésitation d’êtres dépaysés, désaccoutumés des villes, deux par deux, en procession.

Ils se balançaient, s’orientaient, flairant les ruelles qui aboutissent au port, enfiévrés par un, appétit d’amour qui avait grandi dans leurs corps pendant leurs