Page:Maupassant - La Main gauche, Ollendorff, 1899.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette femme, son amie, sa complice, sa maîtresse aussi peut-être.

Toutes ces suppositions m’assaillirent et me fatiguèrent si bien que tout doucement je glissai à mon tour dans un sommeil profond.

Je fus réveillé par le grincement de ma porte ; Mohammed entrait comme tous les matins pour m’éveiller. Il ouvrit la fenêtre par où un flot de jour s’engouffrant éclaira sur le lit le corps d’Allouma toujours endormie, puis il ramassa sur le tapis mon pantalon, mon gilet et ma jaquette afin de les brosser. Il ne jeta pas un regard sur la femme couchée à mon côté, ne parut pas savoir ou remarquer qu’elle était là, et il avait sa gravité ordinaire, la même allure, le même visage. Mais la lumière, le mouvement, le léger bruit des pieds nus de l’homme, la sensa-