Page:Maupassant - La Maison Tellier.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manda alors l’enfant, pour que je réponde aux autres quand ils voudront savoir ton nom ?

— Philippe, répondit l’homme.

Simon se tut une seconde pour bien faire entrer ce nom-là dans sa tête, puis il tendit les bras, tout consolé, en disant :

— Eh bien ! Philippe, tu es mon papa.

L’ouvrier, l’enlevant de terre, l’embrassa brusquement sur les deux joues, puis il s’enfuit très vite à grandes enjambées.

Quand l’enfant entra dans l’école, le lendemain, un rire méchant l’accueillit ; et à la sortie, lorsque le gars voulu recommencer, Simon lui jeta ces mots à la tête, comme il aurait fait d’une pierre : — « Il s’appelle Philippe, mon papa. »

Des hurlements de joie jaillirent de tous les côtés :

— Philippe qui ?… Philippe quoi ?… Qu’est-ce que c’est que ça, Philippe ?… Où l’as-tu pris, ton Philippe ?

Simon ne répondit rien ; et, inébranlable dans sa foi, il les défiait de l’œil, prêt à se