Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/67

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monument, l’ensemble merveilleux qui rend unique ce chef-d’œuvre divin.

Je reviens lentement à l’hôtel des Palmes, qui possède un des plus beaux jardins de la ville, un de ces jardins de pays chauds, remplis de plantes énormes et bizarres. Un voyageur, assis sur un banc, me raconte en quelques instants les aventures de l’année, puis il remonte aux histoires des années passées, et il dit, dans une phrase : « C’était au moment où Wagner habitait ici. »

Je m’étonne : « Comment ici, dans cet hôtel ?

— Mais oui. C’est ici qu’il a écrit les dernières notes de Parsifal et qu’il en a corrigé les épreuves. »

Et j’apprends que l’illustre maître allemand a passé à Palerme un hiver tout entier, et qu’il a quitté cette ville quelques mois seulement avant sa mort. Comme partout, il a montré ici son caractère intolérable, son invraisemblable orgueil, et il a laissé le souvenir du plus insociable des hommes.

J’ai voulu voir l’appartement occupé par ce musicien génial, car il me semblait qu’il avait dû y mettre quelque chose de lui, et que je retrouverais un objet qu’il aimait, un siège préféré, la