Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/165

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UN SOIR

Le Kléber avait stoppé, et je regardais de mes yeux ravis l’admirable golfe de Bougie qui s’ouvrait devant nous. Les forêts kabyles couvraient les hautes montagnes ; les sables jaunes, au loin, faisaient à la mer une rive de poudre d’or et le soleil tombait en torrents de feu sur les maisons blanches de la petite ville.

La brise chaude, la brise d’Afrique, apportait à mon cœur joyeux, l’odeur du désert, l’odeur du grand continent mystérieux où l’homme du Nord ne pénètre guère. Depuis trois mois, j’errai sur le bord de ce monde profond et inconnu, sur le rivage de cette terre fantastique de l’autruche, du chameau, de la gazelle, de l’hippopotame, du gorille, de l’éléphant et du nègre. J’avais vu l’Arabe galoper dans le vent, comme un drapeau