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allouma

les soucis. Je n’avais plus rien en moi, ce jour-là de tout ce qui écrase et torture notre vie, rien que la joie de cette descente. Au loin, j’apercevais des campements arabes, tentes brunes, pointues, accrochées au sol comme les coquilles de mer sur les rochers, ou bien des gourbis, huttes de branches d’où sortait une fumée grise. Des formes blanches, hommes ou femmes, erraient autour à pas lents ; et les clochettes des troupeaux tintaient vaguement dans l’air du soir.

Les arbousiers sur ma route se penchaient, étrangement chargés de leurs fruits de pourpre qu’ils répandaient dans le chemin. Ils avaient l’air d’arbres martyrs d’où coulait une sueur sanglante, car au bout de chaque branchette pendait une graine rouge comme une goutte de sang.

Le sol, autour d’eux, était couvert de cette pluie suppliciale, et le pied écrasant les arbouses laissait par terre des traces de meurtre. Parfois, d’un bond, en passant, je cueillais les plus mûres pour les manger.

Tous les vallons à présent se remplissaient d’une vapeur blonde qui s’élevait lentement comme la buée des flancs d’un bœuf ; et sur la