Page:Maupassant - La main gauche, Ollendorff, 1903.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
hautot père et fils

habituée à songer à tout, se réveilla chez la jeune femme.

— Vous n’avez peut-être rien pris de la matinée, monsieur César ?

— Non, mam’zelle.

— Oh ! vous devez avoir faim. Vous allez manger un morceau.

— Merci, dit-il, je n’ai pas faim, j’ai eu trop de tourment.

Elle répondit :

— Malgré la peine, faut bien vivre, vous ne me refuserez pas ça ! Et puis vous resterez un peu plus. Quand vous serez parti, je ne sais pas ce que je deviendrai.

Il céda, après quelque résistance encore, et s’asseyant dos au feu, en face d’elle, il mangea une assiette de tripes qui crépitaient dans le fourneau et but un verre de vin rouge. Mais il ne permit point qu’elle débouchât le vin blanc.

Plusieurs fois il essuya la bouche du petit qui avait barbouillé de sauce tout son menton.

Comme il se levait pour partir, il demanda :

— Quand est-ce voulez-vous que je revienne pour parler de l’affaire, mam’zelle Donet ?