Page:Maupassant - Le Pays des Korrigans, paru dans Le Gaulois, 10 décembre 1880.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reviens à Carnac, je suis croyant — croyant inconscient ; sans religion précise, mais les ayant toutes. »

Et, frappant du pied :

— Ceci est une terre de religion ; il ne faut jamais plaisanter avec les croyances éteintes, car rien ne meurt : nous sommes, monsieur, chez les druides, respectons leur foi !

Le soleil, disparu dans la mer, avait laissé le ciel tout rouge, et cette lueur saignait aussi sur les grandes pierres, nos voisines.

Le vieux sourit.

— Figurez-vous que ces terribles croyances ont en ce lieu tant de force, que j’ai eu, ici même, une vision, que dis-je ? une apparition véritable. Là, sur ce dolmen, un soir à cette heure, j’ai aperçu distinctement l’enchanteresse Koridwen, qui faisait bouillir l’eau miraculeuse.