Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/125

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— Voulez-vous me le dire, afin que je voie si vous ne vous trompez point ?

— Très volontiers. Mme Samoris est une femme du monde qui a une fille sans qu’on ait jamais connu son mari. En tout cas, si elle n’a pas eu de mari, elle a des amants d’une façon discrète, car on la reçoit dans une certaine société tolérante ou aveugle.

Elle fréquente l’église, reçoit les sacrements avec recueillement, de façon à ce qu’on le sache, et ne se compromet jamais. Elle espère que sa fille fera un beau mariage. Est-ce cela ?

— Oui, mais je complète vos renseignements : c’est une femme entretenue qui se fait respecter de ses amants plus que si elle ne couchait pas avec eux. C’est là un rare mérite ; car, de cette façon, on obtient ce qu’on veut d’un homme. Celui qu’elle a choisi, sans qu’il s’en doute, lui fait la cour longtemps, la désire avec crainte, la sollicite avec pudeur, l’obtient avec étonnement et la possède avec considération. Il ne s’aperçoit point qu’il la paye, tant elle s’y prend avec tact ;