Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/248

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et vraiment je n’avais pas un reproche, mais pas un seul à adresser à ma femme.

Cependant je remarquai peu à peu que, de temps en temps, elle faisait de longues sorties. Cela arrivait à jour fixe, une semaine le mardi, une semaine le vendredi. Je me crus trompé, je la suivis.

C’était un mardi. Elle sortit à pied vers une heure, descendit la rue de la République, tourna à droite, par la rue qui suit le palais archiépiscopal, puis la rue Grand-Pont jusqu’à la Seine, longea le quai jusqu’au pont de Pierre, traversa l’eau. À partir de ce moment, elle parut inquiète, se retournant souvent, épiant tous les passants.

Comme je m’étais costumé en charbonnier, elle ne me reconnut pas.

Enfin, elle entra dans la gare de la rive gauche ; je ne doutais plus, son amant allait arriver par le train d’une heure quarante-cinq.

Je me cachai derrière un camion et j’attendis. Un coup de sifflet… un flot de voyageurs… Elle