Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/305

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de tous les instants finit par m’impatienter. Je voulus hâter le dénouement, et je devins, un soir, entreprenant. Elle me reçut de telle façon que je m’abstins de toute tentative nouvelle ; mais un violent désir m’envahit de lui faire payer, d’une façon quelconque, le régime policier auquel j’étais soumis, et je m’avisai d’un moyen.

Vous connaissez Césarine, sa femme de chambre, une jolie fille de Granville, où toutes les femmes sont belles, mais aussi blonde que sa maîtresse est brune.

Donc un après-midi j’attirai la soubrette dans ma chambre, je lui mis cent francs dans la main et je lui dis :

— Ma chère enfant, je ne veux te demander rien de vilain, mais je désire faire envers ta maîtresse ce qu’elle fait envers moi.

La petite bonne souriait d’un air sournois. Je repris.

— On me surveille jour et nuit, je le sais. On me regarde manger, boire, m’habiller, me raser et mettre mes chaussettes, je le sais.