Page:Maupassant - Le legs, paru dans Gil Blas, 23 septembre 1884.djvu/11

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Vaudrec m’aimait, je le crois, mais il ne m’a jamais eue… jamais. »

Il frappa du pied : « Tu mens, ce n’est pas possible. »

Elle dit tranquillement : « C’est comme ça, pourtant. »

Et il se remit à marcher, puis, s’arrêtant de nouveau : « Explique-moi, alors, pourquoi il te laisse toute sa fortune, à toi… »

Elle prononça avec nonchalance : « C’est tout simple. Comme tu le disais tantôt, il n’avait que nous d’amis, il vivait autant chez nous que chez lui, et au moment de faire son testament c’est à nous qu’il a songé. Puis, par galanterie, il a mis mon nom sur le papier, parce que mon nom lui est venu sous la plume, naturellement, de même que c’est à moi qu’il faisait des cadeaux, et non à toi, n’est-ce pas ? Il avait l’habitude de m’apporter des fleurs, de me donner tous les mois, le cinq, un bibelot, parce que c’était un cinq juin que