Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/290

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aussitôt, cherchant à se frapper avec cette arme tranchante qui traçait sur leur peau noire de longues déchirures d’où coulait le sang.

Cela dura longtemps. Les corps n’étaient plus que des plaies, et les combattants se labouraient toujours les chairs avec cette sorte de râteau fait de lames aiguës. Un d’eux avait une joue hachée ; l’oreille de l’autre était fendue en trois morceaux.

Et le prince regardait cela avec une joie féroce et passionnée. Il tressaillait de bonheur, poussait des grognements de plaisir et imitait avec des gestes inconscients, tous les mouvements des lutteurs, criant sans cesse : « Frappe, frappe donc. »

Un d’eux tomba sans connaissance ; il fallut l’emporter de l’arène rouge de sang, et le Rajah fit un long soupir de regret, de chagrin que ce fût déjà fini.

Puis il se tourna vers moi pour connaitre mon opinion. J’étais indigné, mais je le félicitai vivement ; et il ordonna aussitôt de me conduire au Couch-Mahal (palais de plaisir) où j’habiterais.

Je traversai les invraisemblables jardins que l’on trouve là-bas et je parvins à ma résidence.

Ce palais, ce bijou, situé à l’extrémité du parc