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l’héritage

brusquement : « Qu’est-ce que vous voulez ? »

Pitolet répondit : « Monsieur, nous sommes chargés par notre ami M. Maze de vous demander soit des excuses, soit une réparation par les armes, pour les voies de fait auxquelles vous vous êtes livré sur lui. »

Mais Lesable, encore exaspéré, cria : « Comment ! il m’insulte, et il vient encore me provoquer ? Dites-lui que je le méprise, que je méprise ce qu’il peut dire ou faire. »

Boissel, tragique, s’avança : « Vous allez nous forcer, monsieur, à publier dans les journaux un procès-verbal qui vous sera fort désagréable. »

Pitolet, malin, ajouta : « Et qui pourra nuire gravement à votre honneur et à votre avancement futur. »

Lesable, atterré, les regardait. Que faire ? Il songea à gagner du temps : « Messieurs, vous aurez ma réponse dans dix minutes. Voulez-vous l’attendre dans le bureau de M. Pitolet ? »

Dés qu’il fut seul, il regarda autour de lui, comme pour chercher un conseil, une protection.

Un duel ! Il allait avoir un duel !

Il restait palpitant, effaré, en homme paisible qui n’a jamais songé à cette possibilité, qui ne s’est point préparé à ces risques, à ces émotions, qui n’a point fortifié son courage dans la prévision de cet événement formidable. Il voulut se