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idylle

Elle mangeait en grosse femme goulue, buvant à tout instant une gorgée de vin pour faire passer les œufs, et elle s’arrêtait pour souffler un peu.

Elle fit tout disparaître, le pain, les œufs, les prunes, le vin. Et dès qu’elle eut achevé son repas, le garçon referma les yeux. Alors, se sentant un peu gênée, elle desserra son corsage, et l’homme soudain regarda de nouveau.

Elle ne s’en inquiéta pas, continuant à déboutonner sa robe, et la forte pression de ses seins écartait l’étoffe, montrant, entre les deux, par la fente qui grandissait, un peu de linge blanc et un peu de peau.

La paysanne, quand elle se trouva plus à son aise, prononça en italien : « Il fait si chaud qu’on ne respire plus. »

Le jeune homme répondit dans la même langue et avec la même prononciation : « C’est un beau temps pour voyager. »

Elle demanda : « Vous êtes du Piémont ? »

— « Je suis d’Asti. »

— « Moi de Casale. »

Ils étaient voisins Ils se mirent à causer.

Ils dirent les longues choses banales que répètent sans cesse les gens du peuple et qui suffisent à leur esprit lent et sans horizon. Ils parlèrent du pays. Ils avaient des connaissances communes. Ils citèrent des noms, devenant amis