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l’héritage

beaucoup moins que vous qui allez être commis principal. Je ne puis rien. Croyez que… »

Cachelin lui coupa la parole avec une brusquerie pleine de respect : « Tra la la. Vous avez l’oreille du chef, et si vous lui dites un mot pour moi, je passe. Songez que j’aurai droit à ma retraite dans dix-huit mois, et cela me fera cinq cents francs de moins si je n’obtiens rien au premier janvier. Je sais bien qu’on dit : « Cachelin n’est pas gêné, sa sœur a un million. » Ça, c’est vrai, que ma sœur a un million, mais il fait des petits son million, et elle n’en donne pas. C’est pour ma fille, c’est encore vrai ; mais, ma fille et moi, ça fait deux. Je serai bien avancé, moi, quand ma fille et mon gendre rouleront carrosse, si je n’ai rien à me mettre sous la dent. Vous comprenez la situation, n’est-ce pas ? »

Lesable opina du front : « C’est juste, très juste, ce que vous dites là. Votre gendre peut n’être pas parfait pour vous. Et on est toujours bien aise d’ailleurs de ne rien devoir à personne. Enfin je vous promets de faire mon possible, je parlerai au chef, je lui exposerai le cas, j’’insisterai s’il le faut. Comptez sur moi ! »

Cachelin se leva, prit les deux mains de son collègue, les serra en les secouant d’une façon militaire ; et il bredouilla : « Merci, merci, comptez que si je rencontre jamais l’occasion… Si je peux jamais… » Il n’acheva pas, ne trouvant